Escapade aux Marquises en famille

  • 30 janvier 2024
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Durant les vacances de Noël, nous avons eu la visite de mes parents (notre première visite de 2024 !). Que d’émotions pour tout le monde à leur arrivée ! Durant leur séjour, ils ont pu visiter Tahiti et la presqu’île où nous habitons. Mais notre projet était aussi de découvrir la Polynésie sous un autre angle et sortir de l’archipel de la Société. Nous avons donc fait le voyage en famille jusqu’aux Marquises (3H15 d’avion de Papeete) et découvert les îles de Nuku Hiva, Hiva Oa et Tahuata.

Ce séjour nous a permis de comprendre que si tous les habitants de la Polynésie Française ont en commun leurs racines mélanésiennes, leur culture s’exprime selon des langues, des arts, des coutumes, proches mais distinctes.

L’archipel des Marquises (dont le nom originel est henua enana = « la terre des Hommes ») est composé de 6 îles dont chacune constitue une partie de la maison marquisienne : Nuku Hiva (la charpente), Hiva Oa (la poutre), Fatu Hiva (le toît), Ua Pou (les piliers), Tahuata (le foyer) et Ua Huka (le trou pour accueillir les débris). Fiers de leurs racines, les Marquisiens parlent… le marquisien (en plus du français) et leur danse s’apparente davantage au haka des néo-zélandais qu’aux déhanchés des tahitiens. Ils sont très attachés à leur culture (sculpture, danse, chant, tatouage…), mise à l’honneur lors d’un grand festival ayant lieu tous les 4 ans (en décembre dernier, nous l’avons raté de 15 jours…).

Attention, changement de décor, on vous embarque à la découverte d’un archipel sans lagon, mais aux paysages escarpés et enchanteurs !

Jour 1 : arrivée à Nuku Hiva

L’aéroport de Nuku Hiva se situe dans la commune aride de « Terre déserte » qui porte bien son nom, situé au nord-ouest de l’île et à plus d’une heure de la ville principale. Mais le trajet pour rejoindre le chef-lieu Taiohae (les Polynésiens sont fan des voyelles) est déjà une découverte en soi : des routes de lacets et des vues magnifiques plongeant vers les différentes vallées de l’île. On passe de vues de canyons à la terre rouge à des paysages très verts, mais toujours escarpés.

A l’approche de Taiohae, on découvre une baie somptueuse où se nichent quelques maisons assez dispersées. Avec seulement 3000 habitants pour toute l’île, Nuku Hiva ne craint pas la surpopulation. On découvre ce grand village et on s’approvisionne notamment en eau (pas d’eau potable au robinet ici). Au programme, plage et visite au grand Tiki qui domine la baie. Les flamboyants sont en fleur, comme à Tahiti.

Jour 2 : découverte de l’est et du nord de l’île

Munis de nos deux 4×4, nous partons découvrir l’est et le nord de l’île. Tout au long de la route, nous pouvons régulièrement admirer des vues magnifiques sur les baies, les cascades.

Nous passons par Taipivai, village où se situe un centre d’artisanat local (bijoux en bois et en graines, sculpture sur bois, vanille, gravures, etc…), puis continuons vers le site archéologique de Hatiheu. De ce site, il émane une sérénité que l’on retrouve sur tous les marae que nous avons visité, mais nous sommes surtout impressionnés par la taille du banian qui nous accueille (le petit point blanc devant l’arbre, c’est mon papa).

Nous prenons un repas à Hatiheu, chez Yvonne, ce qui nous permet de découvrir le plat typique des Marquises : la chèvre au lait de coco. Les marquisiens ont un grand sens esthétique : les rues de Hatiheu sont ornées de motifs marquisiens que l’on retrouve partout : sur les barrières au bord des routes, en décoration des balustrades en bois ou sur la peau des Marquisiens !

Nous embrayons sur une petite rando pour accéder au point de vue sur la baie d’Anaho. Il était possible de continuer la rando et aller se baigner sur la plage magnifique en bas, mais nous préférons poursuivre notre périple en voiture jusqu’à la baie d’Aakapa, où nous accédons cette fois à une plage moins baignable mais aux airs de bout du monde.

Jour 3 : objectif baie Colette

Dimanche de l’Epiphanie : nous décidons d’assister à la messe qui démarre à 8H en la cathédrale de Taiohae. C’est jour de fête, les Marquisiens sont vêtus de blanc et nous découvrons les textes, musique et chants en VO non sous-titrée.

Guillaume profite de la fin de matinée pour aller courir sur le chemin de la Sentinelle qui propose une autre vue de la baie de Taiohae.

Puis, notre projet du jour : atteindre la baie Colette pour passer l’après-midi au bord de la plage. Pour ce faire, il faut activer le mode 4×4 ! Guillaume et moi conduisons les deux engins et tout se passe bien malgré quelques raidillons un peu stressants pour nos passagers. Une première expérience de conduite tout terrain qui m’a bien plu, contre toute attente. Si le 4×4 est obligatoire pour accéder sur cette plage, certains locaux ont choisi l’option cheval. Il y a d’ailleurs beaucoup d’animaux en liberté à Nuku Hiva, observables même sur le bord de la route : chevaux, cochons, chèvres, toute une ménagerie.

Le soir, nous décidons d’une petite balade apéro pour profiter une dernière fois du point de vue sur Taiohae.

Jour 4 : départ pour Hiva Oa

C’est le coeur un peu lourd que nous quittons le havre de paix de Taiohae. Mais c’était sans savoir ce qui nous attendait à Hiva Oa ! Nous sommes raccompagnés à l’aéroport par Charles, qui nous raconte sa vie et ses projets sur l’île, ainsi que l’histoire de son tatouage.

Après 30 minutes de vol, nous atterrissons à l’altiport Jacques Brel de Hiva Oa, pour poursuivre notre séjour marquisien. Cette fois nous récupérons un van 9 places et nous nous rendons chez Tania, véritable phénomène qui gère une pension sur les hauteurs d’Atuona, le chef lieu de l’île.

Nous mangeons dans un snack avec Tania qui nous régale d’histoires sur les Marquises, de l’arrivée des colons espagnols, au protectorat français en passant par ses souvenirs d’enfance au village avec Jacques Brel.

Nous profiterons de l’après-midi pour découvrir Atuona (aux trottoirs également décorés) et visiter la vallée voisine de Taaoa.

Jour 5 : journée sur l’île de Tahuata

Pour cette journée, nous n’avons qu’à nous laisser porter : une journée d’excursion sur l’île voisine de Tahuata. Le guide est Yoan, l’un des 41 « enfants adoptés » de Tania, le concept de famille en Polynésie étant relativement imprécis, et certaines personnes comme Tania ayant à coeur d’accueillir un certain nombre de jeunes et les aider à trouver leur voie. Nous prenons place dans le bateau pour la première étape, le trajet vers l’île. Nous avons de la chance car la mer est calme. Effectivement, nous goûtons notre chance, car le trajet par mer calme était déjà suffisamment remuant pour nous !

A notre arrivée, nous visitons le village d’Hapatoni (200 habitants) et son marché artisanal. Au marché, nous faisons une rencontre proprement incroyable qui va rester gravée dans nos mémoires. Ma maman échange avec une marquisienne qui lui indique avoir vécu en Alsace. Elle lui dit alors que nous venons de Lunéville, qui est assez proche de l’Alsace. Réponse de la marquisienne : « Lunéville ? Mais la jeune fille là-bas vient de rentrer de Lunéville. » Nous nous approchons du stand indiqué et nous entrons en contact avec une jeune marquisienne et son fils d’environ 3 ans. Elle nous explique qu’elle habitait rue Carnot à Lunéville il y a encore quelques semaines et qu’elle vient de revenir vivre dans son village avec son fils.

Et là, mon cerveau fait la connexion ‘Marquisienne – Rue Carnot’ et je lui demande « Attends, c’est à toi que j’ai vendu une armoire de chambre d’enfant via le bon coin il y a 6 mois ? » « C’était toi l’armoire ? Mais, oui, c’était pour mon fils ». On se souvient très bien de ce moment avec Guillaume où nous avions échangé quelques mots au pied de leur appartement lors de la livraison de ladite armoire. On savait depuis quelques jours à l’époque que nous allions partir en Polynésie.

Alignement cosmique ! Le bilan de son passage en Métropole était sans appel : « il fait froid et il faut payer les fruits ». Pas faux. Il faut dire que les Marquisiens sont très attachés à leur autonomie alimentaire (chasse, pêche, cueillette), plus facile à concrétiser chez eux… Elle nous a aussi parlé de Virginie (coucou Virginie) avec qui elle avait noué des liens.

Et puis il a fallu partir et poursuivre les visites : découverte du village de Vaitahu et son église remarquable, repas marquisien au son des chants locaux accompagnés des ukuleles. Puis une pause sur une magnifique plage de sable blanc, accessible en bateau, où nous avons fait un peu de snorkeling, farniente et jeu dans les vagues pour les enfants.

Jour 6 : découverte du nord de l’île vers Puamau

En route dans notre van vers le nord de l’île en direction du site archéologique recensant les plus grands tikis de la Polynésie Française. Sur la route, nous nous arrêtons à la recherche du tiki souriant, assez curieux et qui nous rappelle vaguement un personnage de dessin animé (je vous aide, ils sont jaunes et ils portent des salopettes bleues).

Après quelques arrêts photos aux points de vue, nous arrivons chez Marie Antoinette pour un repas marquisien. Au menu, chèvre et poisson cru. Un des (si ce n’est LE) meilleurs repas de notre courte vie en Polynésie !

Arrivés sur le site de Iipona (iipona sans la majuscule), nous retrouvons plusieurs français que nous ne cessons de croiser depuis notre arrivée sur l’île. Ils sont accompagnés du guide Pifa O’Connor, qui nous demande de nous approcher pour bénéficier de ses commentaires sur le site. C’est parti pour une heure d’explications sur la culture marquisienne et plus généralement polynésienne, les tikis du site, la navigation, les différentes théories de peuplement des îles, etc… Un beau moment dans l’esprit de partage que l’on ne cesse d’expérimenter aux Marquises.

Jour 7 : rando vers Hanatekuua

Avec un Jacques et un Paul dans notre équipée, nous ne pouvions passer à côté de la visite des espaces dédiés à Jacques Brel et Paul Gauguin, qui ont passé quelques années sur l’île d’Hiva Oa et qui y sont tous deux enterrés. Si l’espace Gauguin ne possède aucun chef d’oeuvre original de l’artiste, on retrace son expérience de vie (torturée) grâce aux nombreuses reproductions et aux extraits de lettres échangées.

L’espace Jacques Brel est quant à lui tout à fait émouvant car il y transpire la gratitude des habitants pour l’artiste qui a décidé d’y élire domicile en 1975, au milieu de son tour du monde en bateau, écourté pour raisons de santé. Une fois installé jusqu’à sa mort en 1978, Jacques Brel s’investira dans la vie locale, essayant à sa mesure d’améliorer les conditions de vie des habitants : il réalisait une liaison hebdomadaire vers Tahiti à bord de son avion le Jojo, permettant d’amener courrier, médicaments ou transporter des habitants. Il faisait venir des médecins, des dentistes, et a même organisé l’installation d’un ciné en plein air, dont il était le projectionniste avant de former les jeunes du village.

Après cette minute culturelle, retour dans le van direction Hanaiapa au nord de l’île. Depuis Hanaiapa, nous démarrons deux heures d’une randonnée agréable (si c’est moi qui le dis) entre sous-bois ombragés et sentiers côtiers vers la plage de Hanatekuua. Moment magique seuls sur la plage paradisiaque. Pas totalement seuls d’ailleurs, car on aperçoit quelques maisons et des habitants qui semblent vivre là, coupés du monde.

Courageux, mais pas téméraires, nous avons prévu le retour en va’a à moteur, plutôt que par le chemin de randonnée emprunté à l’aller. Encore une expérience intrépide pour réussir à monter dans la pirogue projetée par les vagues vers la plage. Le trajet retour s’effectue « par mer calme », d’après Léon, le capitaine, mais tout le monde n’est pas de cet avis. Nous nous sentons un peu seuls face aux éléments, ballotés sur notre petite coque en bois craquant de toutes parts.

Jour 8 : fin du voyage

C’est le moment des adieux avec Tania, qui aura vraiment enchanté notre séjour. Nous faisons une petite visite éclair au cimetière d’Atuona, où Brel et Gauguin sont enterrés à quelques mètres l’un de l’autre. Puis nous embarquons dans l’avion qui nous ramène (de manière sportive) à la maison en nous régalant d’un survol de l’archipel des Tuamotu (prochain épisode ?).

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6 Comments

  1. Merci pour tous ces commentaires culturels Claire. Les photos font vraiment envie. Vous avez fait un magnifique voyage !

  2. Nous attendions cette nouvelle publication en se délectant par avance ! . Nous sommes servis 😲🥰
    Les photos sont magnifiques, bravo au photographe 👍
    Le récit est envoûtant merci Claire, nous sommes comme à vos côtés. Dommage que nous puissions goûter la chèvre au lait de coco 😋
    Depuis votre lorraine, qui finalement est plus proche de vous que vous ne le pensiez !!!! On vous embrasse
    Agnès et Roland

  3. Quelle magnifique expérience vous vivez , toujours un plaisir d’attendre des news !!!

  4. C’est un réel plaisir de lire vos news et de voir vos photos.
    Profitez en bien.

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